
Vivre un accouchement est une expérience des plus marquantes dans la vie d'une femme. Le vivre à l'étranger ? C'est encore accentuer les émotions liées à ce moment si particulier. Préparation à l'accouchement dans une langue étrangère ; différences éventuelles de pratiques obstétricales et de soins postnataux : les jeunes parents en expatriation ont de quoi tester leur résilience et leur faculté d'adaptation ! Comment appréhender ce moment si intense quand on vit à l'étranger et à quoi faut-il prendre garde ?
Accoucher à l'étranger : entre nécessité et « tourisme de naissance »
De nombreuses familles expatriées vivent aujourd'hui l'expérience d'un accouchement à l'étranger. Selon les données du ministère français de l'Europe et des Affaires étrangères, plus de 65 000 naissances d'enfants français à l'étranger ont été transcrites dans les , un chiffre en hausse depuis ces dernières années.
La perspective d'accoucher à l'étranger n'en reste pas moins une expérience qu'on appréhende souvent, comme en témoignent de nombreux forums et notamment cette vivant en Europe : « C'est vraiment difficile d'être loin de mes parents et de ma culture. Je suis triste que ma mère ne soit pas là pour les premiers jours et les étapes importantes. Globalement, j'ai l'impression que nous, les expatriés, avons beaucoup de difficultés à surmonter quand on vit une grossesse à l'étranger ».
D'autres font le choix délibéré de se rendre dans un pays tiers pour y donner naissance. Ce phénomène, parfois appelé « tourisme de naissance », est particulièrement marqué aux États-Unis ou au Canada, comme en témoignent plusieurs articles sur le sujet. L'Institut de recherche NCBI (National Center for Biotechnology Information) publie notamment sur les motivations des femmes nigérianes à venir accoucher en Amérique du Nord. Les raisons sont souvent liées à un projet de vie pour leur futur enfant (obtention de la nationalité par droit du sol). Il s'agit aussi de la recherche de meilleures conditions obstétricales.
Accoucher à l'étranger : quels avantages ?
À la recherche d'une bonne qualité de soins
« Aux États-Unis, j'étais entourée de deux ou trois soignants. Le médecin était aussi à mes côtés. C'était évidemment une grande différence de technologies par rapport à mon pays d'origine. Tout était monitoré presque à chaque instant… On m'expliquait très régulièrement où j'en étais dans la phase de travail. » (témoignage d'une femme nigériane dans citée précédemment).
À l'instar de cette jeune future mère, beaucoup de femmes espèrent trouver à l'étranger un meilleur niveau d'équipement et de compétences médicales par rapport à leur pays d'origine. Les pays scandinaves, par exemple, sont particulièrement réputés pour leurs infrastructures ultramodernes et la qualité de leur suivi médical.
Une bonne prise en charge des coûts liés à la grossesse et à l'accouchement
C'est un avantage non négligeable : dans certains pays, l'accouchement et les soins pré et postnataux sont particulièrement bien remboursés par la sécurité sociale.
Cette basée en Allemagne, par exemple, a été très agréablement surprise par la qualité et la fréquence du suivi par sa sage-femme, le tout remboursé par son assurance santé locale.
Après la naissance d'un enfant, les femmes en peuvent en effet continuer de bénéficier d'au moins deux visites par jour de leur sage-femme, et ce jusqu'au onzième jour après l'accouchement. Il est même possible de continuer de disposer de ces visites et conseils jusqu'à douze semaines après l'accouchement. Pour cela, nul besoin d'avoir une assurance privée ou une mutuelle. Il s'agit bien de visites prises en charge par la sécurité sociale.
Des pratiques plus respectueuses ou naturelles
On apprécie particulièrement dans certains pays une approche de l'accouchement qui ne soit pas trop médicalisée. Aux , par exemple, le recours à la péridurale ne concerne qu'un cinquième des femmes alors qu'il touche en près de 82,7 % des futures mamans. De même, les Néerlandais ont préservé la tradition des accouchements à domicile, qui concerne aujourd'hui une femme sur six.
Tout dépend évidemment des différentes pratiques du pays où l'on se trouve. Les jeunes mères peuvent aussi se confronter à bien des difficultés.
Les difficultés à prendre en compte quand on accouche à l'étranger
La fameuse barrière linguistique et culturelle
Sophie, que nous avons rencontrée, se souvient de ses cours de préparation à l'accouchement alors qu'elle venait de s'installer en Allemagne et qu'elle était encore débutante dans la langue de Goethe. Il a fallu acquérir très vite un vocabulaire spécialisé et se débrouiller avec des tournures grammaticales rudimentaires. Un vrai stress quand on a l'impression de rater au moins la moitié des informations utiles !
Une fois que la naissance a eu lieu, les différences de cultures et de pratiques ne manquent pas de s'imposer. En France, par exemple, il est plutôt habituel de reprendre le travail au terme du congé légal de maternité tandis qu'en Allemagne, on passe encore pour une mauvaise mère (« Rabenmutter ») lorsqu'on laisse son enfant de quelques mois à la crèche.
Les différences de protocoles médicaux
C'est aussi une certaine source de stress. Vous avez acquis à grand-peine un vocabulaire maternité spécialisé, mais encore faut-il se repérer dans les protocoles qui ne sont pas nécessairement les mêmes dans tous les pays.
Le nombre d'échographies obligatoires diffère selon les destinations tandis que certains tests de dépistage sont parfois laissés à la discrétion des patientes alors qu'ils sont obligatoires sous d'autres latitudes. De même, le recours à la césarienne ou encore les épisiotomies connaissent des fluctuations en fonction des pays et des protocoles qu'on a l'habitude d'appliquer.
L'éloignement du cercle familial
Le post-partum est déjà une période émotionnellement intense. Sans la présence de leur famille, certaines expatriées se sentent particulièrement démunies et submergées par les soins intensifs à prodiguer au nourrisson dans les premiers temps : « Mes parents sont venus me rendre visite pendant 15 jours juste après la naissance de mon bébé et leur départ a été un véritable enfer. C'est tellement difficile de s'occuper seule d'un nourrisson (mon copain avait assez peu de congés). Finalement, j'ai attendu que mon bébé reçoive ses vaccins de 2 mois et je suis partie en Espagne pour passer le reste de mon congé maternité avec ma famille » (témoignage d'une installée en Belgique).
Pour les familles avec des enfants plus âgés, le problème se double souvent d'une difficulté logistique : qui garde les aînés pendant le séjour à la maternité quand on n'a pas de proches à proximité ?
Conseils pour un accouchement serein à l'étranger
Choisir la bonne maternité
Il est important d'évaluer la qualité des maternités et cliniques disponibles dans votre secteur. Effectuez tout simplement une visite des lieux si cela est possible. Plusieurs maternités organisent en effet des sessions d'accueil où l'on peut concrètement faire un tour dans le service et poser des questions au personnel. Pensez également à vérifier la présence d'un service néonatal d'urgence.
Une fois que vous vous êtes décidée, les maternités vous accueillent de nouveau avant la naissance afin de remplir un dossier administratif que vous n'aurez certainement pas envie de renseigner le jour même de l'accouchement. On peut également établir un « birth plan », document qui précise vos souhaits pour l'accouchement (péridurale, position, présence du conjoint…).
Anticiper les coûts et la protection sociale de son enfant
Il y a tous les frais liés au suivi de la grossesse et de l'accouchement en maternité mais il faut également penser à la protection du nouveau-né dès sa naissance.
Vous êtes tenu de déclarer l'arrivée de votre enfant à votre organisme d'assurance santé public ou privé.
En , par exemple, il faudra l'effectuer dans un délai de 5 à 8 jours après la déclaration officielle (en mairie). L'enfant est alors inscrit sur votre carte vitale et vous bénéficiez de la prise en charge des différentes prestations qui lui sont nécessaires.
Pour éviter les mauvaises surprises, renseignez-vous également sur les plafonds de remboursement en cas d'hospitalisation du nouveau-né, les hôpitaux partenaires et les options de prise en charge directe.
Déclarer son enfant auprès du bon service
Dans la plupart des pays, la législation impose aux ressortissants étrangers de déclarer les naissances à l'officier de l'état civil local. Cette déclaration ne se fait donc pas au consulat ni à l'ambassade de votre pays d'origine comme on le pense parfois.
Cas concret : naissance en Allemagne d'un enfant dont au moins l'un des deux parents est ¹ó°ù²¹²Ôç²¹¾±²õ
en Allemagne rappelle tout d'abord que l'enregistrement de la naissance de l'enfant auprès des autorités allemandes est obligatoire.
Pour obtenir ensuite un acte de naissance français, il convient de demander la transcription de l'acte allemand. Cette formalité s'effectue par courrier ou en ligne auprès des services consulaires. Il n'est donc pas nécessaire de venir déclarer l'enfant à l'ambassade ou au consulat.
Prenez garde au délai de déclaration de naissance (variable selon les pays, entre 3 et 30 jours en moyenne) et contactez votre ambassade pour obtenir les coordonnées précises du service local où vous devez effectuer cette démarche.
S'entourer d'autres mères
En particulier quand on est loin de sa famille, le contact avec d'autres expatriées ou mères locales s'avère précieux. Ciblez des groupes de parole, d'échanges sur les pratiques d'allaitement, d'activités postnatales en groupes, etc.
Nombreuses sont les villes qui mettent en place ce genre d'espace d'échange et de rencontre entre jeunes mères. Vous trouverez des informations à la maternité ou encore chez votre gynécologue. Consultez aussi le site internet de la ville.
Pensez également à tous les groupes et ressources en ligne. Que cela soit sur Facebook ou sur des forums dédiés à la question, vous trouverez aisément des conseils, des recommandations de pédiatres, et d'autres considérations pratiques.
Se renseigner sur le cadre légal qui accompagne la naissance d'un enfant à l'étranger
Accoucher à l'étranger implique aussi d'être un minimum informé des règles juridiques du pays d'accueil, à commencer par celles définissant la nationalité de l'enfant. Comme on le sait, certains pays comme les États-Unis appliquent le droit du sol : un enfant né sur le territoire américain, même de parents étrangers, obtient la nationalité du pays (en vertu du 14ᵉ amendement de la constitution). Il faudra également tenir compte des que cela entraîne et l'on sait qu'elles ne sont pas anodines lorsqu'on est citoyen américain.
Sources :