
À l'aube de 2025, la Suisse donne une image contrastée : une économie résiliente, mais en proie à des tensions extérieures et à une croissance inférieure à ses standards historiques. Les prévisions de croissance du produit intérieur brut oscillent entre 1,1 % selon l'OCDE, et 1,3 % selon le SECO, toutes deux en retrait par rapport à la tendance longue autour de 1,8 % (source ). La Banque nationale suisse a abaissé son taux directeur à 0 %, face à une inflation quasi nulle, anticipée à environ 0,2 % cette année (source ). Si le franc suisse reste une valeur refuge rassurante, il constitue aussi un frein pour les exportations, qu'il rend plus onéreuses.
Dans un contexte global en repli et confrontée aux taxes américaines, la Suisse poursuit néanmoins sa route économique avec prudence. Le déficit des prévisions de croissance alimente l'incertitude, et le gouvernement examine activement des pistes d'offres plus souples pour atténuer l'impact des nouveaux droits de douane annoncés par Washington, qui pourraient entraîner une contraction du PIB allant de 0,3 % à plus de 1 % (source ).
Emploi : un marché retenu… mais porteur pour les profils ciblés
Malgré un contexte économique prudent et des tensions commerciales persistantes, une faible reprise du marché de l'emploi se dessine à l'orée de 2025. Le Swiss Job Market Index, produit par Adecco et l'Université de Zurich, affiche une hausse de 2 % des offres d'emploi au premier trimestre 2025 par rapport au trimestre précédent, une première lueur après le creux enregistré fin 2024, même si ce niveau reste inférieur de 9 % à celui du premier trimestre 2024 (source ). Parallèlement, l'indicateur de l'emploi du KOF signale que davantage d'entreprises prévoient de créer des postes plutôt que d'en supprimer, ce qui traduit une accalmie fragile sur le marché du travail.
Les jeunes professionnels bénéficient particulièrement de cette dynamique : leur part parmi les offres d'emploi a grimpé, passant de 21 % en 2019 à 28,8 % au premier trimestre 2025, un record depuis la fin de la pandémie. Cet essor est notamment soutenu par une forte demande dans les secteurs STEM et la santé, ainsi que dans les régions telles que l'Espace Mittelland et la Suisse centrale.
Cependant, la prudence est de mise : dès le deuxième trimestre 2025, une correction s'est amorcée avec une baisse de –1 % des offres par rapport au trimestre précédent, et –3 % en glissement annuel. Cette contraction touche notamment les secteurs de l'IT, de l'administration et du commerce, tandis que la santé et les professions de soin résistent encore. Sur le front du chômage, les récents chiffres du SECO montrent que la situation s'est légèrement détériorée : en juillet 2025, le nombre de chômeurs a augmenté de 2 277 personnes (+1,8 %), pour atteindre 129 154, tandis que comparé à juillet 2024, l'augmentation est de +21 438 personnes, soit +19,9 %, portant le taux de chômage à 2,7 % (source ).
En résumé, même si le marché de l'emploi reste délicat, il continue de valoriser les profils émergents, capables de se positionner dans des fonctions techniques et orientées vers la santé. Les entreprises suisses témoignent d'une volonté de séduire ces jeunes talents à travers des salaires attractifs, ainsi que des modalités de travail flexibles, devenues aujourd'hui incontournables pour les nouvelles générationsÂ
Secteurs prioritaires pour les expatriés : un fleuve d'opportunités à profil affuté
Le panorama helvétique de 2025 révèle des secteurs véritablement stratégiques — la santé, la biotechnologie, les technologies de l'information (cybersécurité, IA, medtech), et les énergies propres — qui se signalent par une demande soutenue de compétences spécialisées. Cette dynamique s'explique tant par des besoins structurels que par un décalage croissant entre départs massifs à la retraite et flux d'entrants sur le marché du travail. En clair : 297 000 travailleurs sont attendus à la retraite d'ici 2035, tandis que 163 000 postes supplémentaires seront créés pour maintenir le niveau de prospérité, menant à un déficit total de 460 000 postes potentiels si des ajustements ne sont pas opérés.
Mais la pénurie va bien au-delà des projections de long terme. Les lacunes en personnel qualifié ont atteint un niveau jamais vu, avec une progression de 24 % en 2023, particulièrement marquée dans les métiers de la santé, de l'informatique et de l'ingénierie technique. Si une légère décrue s'est amorcée en 2024 — baisse de 18 % de l'indice en raison du ralentissement économique, et équilibre plus marqué entre offres et demande dans certaines régions linguistiques — cette amélioration reste relative. Le niveau global demeure encore largement supérieur à la moyenne longue. Les métiers liés à la santé restent les plus touchés par les pénuries, malgré cet ajustement (source ).
Ces tendances soulignent une réalité : la Suisse est à la recherche non seulement de compétences très spécialisées, mais aussi d'expatriés agiles, multilingues, prêts à évoluer dans des environnements innovants et structurés, capables de combler des manques immédiats tout en anticipant les mutations démographiques. Pour tout expatrié disposant de ces atouts, c'est une invitation à se présenter en acteur (et non en simple observateur) d'un marché en quête de talents, et bien décidé à investir dans ceux qui sauront répondre à ses ambitions.
Un terreau d'innovation… et d'opportunités
La Suisse demeure un haut lieu de l'innovation, régulièrement en tête du Global Innovation Index, portée par l'excellence de ses institutions (ETH Zurich, EPFL, CERN). En 2024, le lancement du Swiss National AI Institute (SNAI) confirme cette orientation vers l'intelligence artificielle. Le secteur de la santé absorbe désormais près de 12 % du PIB, avec des dépenses en augmentation constante, dont plus de 36 % proviennent seuls des hôpitaux , reflet d'une pression démographique croissante (source ).
Clés pour les expatriés : comment tirer son épingle du jeu
La Suisse reste une destination de choix pour les expatriés qualifiés, malgré un coût de la vie élevé. Voici quelques atouts à faire valoir :
Positionnez-vous dans les filières en tension : IA, technologie médicale, ingénierie verte, santé.
Soignez votre profil multilingue et adaptez-vous à la culture locale (ponctualité, rigueur, consensus).
Préparez un CV suisse formaté, une présence LinkedIn ciblée et misez sur un réseau professionnel bien entendu.
Restez agile et informé face aux changements économiques et réglementaires, un atout incontournable en période d'incertitude.
Pour accompagner les ¹ó°ù²¹²Ôç²¹¾±²õ récemment installés et leur permettre de mieux comprendre les spécificités locales, tant sur le plan professionnel que personnel, la CCI France Suisse, en partenariat avec le Consulat Général de France à Zurich et à Genève, organise chaque année l'événement Bienvenue en Suisse, à Lausanne et Zurich.
Cette rencontre conviviale propose des témoignages pratiques, des conseils concrets d'experts (assurance, fiscalité, interculturalité...) et un cocktail networking en présence d'associations locales, afin de favoriser une intégration réussie.
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Conclusion : la Suisse 2025, un défi clair et une opportunité à saisir
La Suisse, c'est une économie sobre mais solide, une innovation structurée, et un environnement compétitif. Si la croissance se veut prudente et que les vents protectionnistes soufflent, le pays demeure une plateforme de choix pour les expatriés préparés, motivés et rigoureux.