ÍæÅ¼½ã½ã

Menu
ÍæÅ¼½ã½ã
Rechercher
Magazine
Rechercher

Travailler à l'étranger : faut-il dire adieu aux postes junior ?

jeune homme a un entretien d'embauche
AnnaStills / Envato Elements
Écrit parHelena Delbecqle 10 Juin 2025

Il semble déjà loin le temps où l'on pouvait candidater sans inquiétude à un poste junior sans avoir d'expérience au préalable. Plusieurs ±ð²Ô±ç³Üê³Ù±ðs font état d'une tendance qui s'accentue : les annonces de recrutement pour des jobs « entry level » exigent régulièrement quelques années d'expérience. C'est la quadrature du cercle : comment les jeunes diplômés peuvent-ils espérer acquérir une première expérience si les postes pour débutants nécessitent d'en avoir déjà une ? La question est d'autant plus épineuse pour les jeunes souhaitant s'expatrier, puisqu'à la première contrainte s'ajoute celle de se faire valoir au-delà des frontières.

Qu'est-ce qu'un poste junior ?

Comme son nom l'indique bien en anglais (« entry level job »), le poste junior est un emploi dans lequel on est novice, sans expérience préalable dans la fonction pour laquelle on a été recruté.

L'embauche de débutants a suivi ce même modèle classique pendant des années : les diplômés de l'enseignement supérieur ou ceux qui entrent sur le marché du travail pour la première fois obtiennent un poste junior, acquièrent de l'expérience et évoluent au sein d'un secteur ou d'une entreprise donnée. Ce système permettait aux employeurs de former leurs recrues dès le départ tout en garantissant un vivier de travailleurs qualifiés pour une progression en interne. Mais aujourd'hui, la barre « débutant » n'est plus tout à fait au même niveau.

L'exigence accrue de l'expérience et des compétences pour des postes débutants

Un rapport évoqué par le magazine révèle qu'aujourd'hui, 35 % des emplois pourtant qualifiés d'« entry level » requièrent désormais au moins trois ans d'expérience. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à consulter les offres d'emploi sur LinkedIn ou sur Indeed : dans beaucoup d'annonces, l'expérience préalable semble incontournable.

Parallèlement, une ±ð²Ô±ç³Üê³Ù±ð de la (National Association of Colleges and Employers), montre que de plus en plus d'entreprises privilégient un recrutement basé sur les compétences plutôt que sur les diplômes. Les employeurs recherchent en priorité la capacité d'un jeune diplômé à faire face à une résolution de problèmes concrets et à travailler en équipe. Dans les deux cas, il s'agit plutôt de compétences qu'on peut acquérir grâce à des expériences professionnelles ±è°ùé²¹±ô²¹²ú±ô±ð²õ.

L'impact de l'Intelligence artificielle (IA) et de l'automatisation

Si l'IA et l'automatisation des tâches ne sont pas les seules responsables de cette tendance allant à la diminution des postes « réellement » junior, elles y contribuent fortement.

C'est inévitable : l'automatisation élimine certains postes assez répétitifs et relativement peu qualifiés. Dans la comptabilité, par exemple, les emplois de tenue de livres de compte (enregistrement des transactions financières) ont été réduits grâce à certains logiciels d'automatisation qui traitent les transactions et vérifient les documents financiers.

Dans le journalisme et la création de contenus, les articles et les textes marketing générés par l'intelligence artificielle remplacent le besoin de rédacteurs et de créateurs de contenu juniors. Il en va de même pour de nombreuses autres fonctions auparavant dévolues à de jeunes recrues sans expérience.

Le domaine de l'IT particulièrement touché

L'exigence d'avoir une expérience préalable pour un emploi de niveau « entry level » est particulièrement marquée dans le secteur des technologies de l'information.

Il y a quelques années, il était relativement simple d'obtenir un poste en tant que jeune diplômé dans une entreprise informatique.

Aujourd'hui, 94 % des employeurs de ce secteur exigent des candidats de niveau débutant de posséder au préalable une expérience de travail ( citée par Business Insider).

De nombreux témoignages vont en ce sens : les véritables postes junior semblent en voie de disparition, comme le confie ce jeune diplômé en 2023 : « Je postule pour des postes web junior/débutant (full stack, backend ou frontend), et j'ai de l'expérience sur certains langages/frameworks full stack, mais uniquement grâce à mes projets personnels, car je n'arrive pas à décrocher un vrai travail qui puisse compter comme expérience professionnelle. J'ai sérieusement pensé à changer de carrière. Honnêtement, je ne sais pas quoi faire à ce stade. Je vois que la plupart des offres d'emploi exigent au minimum 5 ans d'expérience et que le problème n'est pas tant les langages ou les frameworks que l'expérience. Il y a de fortes chances que je perde mon temps. »

Conseils pour les jeunes diplômés qui ont l'ambition de s'expatrier

Alors, que faire quand on vise non seulement un poste junior et qu'on aspire à travailler à l'étranger ?

Penser aux possibilités de combiner études et travail qualifié

L'expérience de terrain a toujours été valorisée, même s'il ne s'agissait pas d'une exigence comme aujourd'hui. Il est donc avisé de chercher à acquérir une expérience professionnelle avant d'arriver réellement sur le marché du travail.

On connaît bien évidemment les stages, qui sont d'ailleurs obligatoires dans de nombreux cursus. Mais il existe d'autres possibilités.

En Allemagne, par exemple, on peut avoir le statut de «  » qui autorise les étudiants à travailler dans des entreprises jusqu'à 20 heures par semaine, en parallèle de leurs études, et davantage durant les périodes de vacances. Ce type de contrat peut s'étendre sur plusieurs semestres, ce qui permet une expérience bien plus complète que celle offerte par un stage. Bien au fait de ce type de statut, les employeurs allemands considèrent leurs « Werkstudents » comme un pool de recrutement potentiel.

À noter : le statut de « Werkstudent » est à différencier de celui du simple « job étudiant » qui constitue plutôt un emploi alimentaire non associé au domaine d'expertise des études. La plupart des Werkstudenten ont au contraire un emploi directement en lien avec leur cursus universitaire, ce qui constitue une source d'expérience très qualifiée.

Poursuivre des semestres d'étude à l'international

Viser un ou plusieurs semestres d'étude à l'étranger reste une bonne stratégie quand on a l'objectif d'arborer un profil international : une expérience avérée au-delà des frontières nationales demeure un excellent tremplin pour une future carrière.

Même si vous n'êtes encore qu'étudiant, développez déjà votre réseau local et vos différents contacts. On ne devrait pas sous-estimer la puissance d'un bon réseau.

Tentez de décrocher un stage dans le cadre de vos semestres d'échange. Misez aussi sur la langue en passant une certification officielle. Aux yeux des recruteurs, cela reste un des gages d'une expérience réussie à l'étranger.

Utiliser un visa vacances-travail pour acquérir une expérience locale

Vous cherchez une première immersion professionnelle significative à l'étranger sans être soumis au diktat du « entry level » et de ses 2 à 3 ans d'expérience ?

Pensez au visa « vacances-travail ». Il concerne une soixantaine de pays au total (consultez la liste des accords passés entre États). Les principaux critères pour en bénéficier sont l'âge (avoir entre 18 et 30 ans, avec une tolérance jusqu'à 35 ans pour certains pays) ; le fait de disposer d'un billet de retour, d'une preuve de ressources financières et d'une assurance maladie.

Même si les visas vacances-travail sont limités dans le temps, il est bien plus aisé de se forger une expérience par ce biais plutôt que d'attendre qu'un potentiel employeur décide de vous recruter de l'étranger, avec ce que cela implique de démarches d'immigration.

Et si certains utilisent le visa vacances travail surtout pour avoir la possibilité de voyager dans le pays tout en exerçant un « petit boulot », d'autres s'en servent pour acquérir une expérience significative, en prise avec les compétences professionnelles qu'ils cherchent réellement à développer.

Cibler les pays qui manquent de ressources professionnelles spécifiques

On a beau aujourd'hui valoriser l'expérience, certains pays manquent cruellement de ressources humaines dans divers secteurs. L'une des stratégies les plus efficaces consiste donc à cibler les pays qui connaissent une pénurie de main-d'œuvre dans votre domaine professionnel. Ceux de la santé, de l'éducation, de l'ingénierie, entre autres, sont souvent demandés.

Pour repérer ces opportunités, commencez par consulter les sites officiels des gouvernements (comme les ministères de l'immigration ou du travail), qui publient souvent des listes de professions « en tension ». Vous pouvez aussi vous appuyer sur les rapports d'organisations internationales (telles que l'OCDE) et les sites d'expatriés ou de cabinets de recrutement internationaux.

Il reste encore plusieurs autres options à envisager, telles que le travail en freelance ou à distance comme porte d'entrée, ou encore le volontariat qui, bien valorisé, constitue bien une expérience professionnelle.

Sources :

Travailler
travail
A propos de

J’ai vécu au Japon, en Chine et en Allemagne où je suis actuellement basée. Titulaire de l'Education nationale et d'un Master II en Politiques linguistiques, je concilie enseignement et rédaction professionnelle, autour de thématiques telles que l’éducation et le travail durant une expatriation. Je gère également les partenariats et les programmes d'un organisme de formation professionnelle.

Commentaires