
Quand on parle de l'île Maurice, on pense aussitôt aux lagons turquoise, aux filaos qui dansent dans le vent et à la douceur de vivre qui fait rêver bien au-delà des frontières de l'océan Indien. Mais au-delà des plages et des cocotiers, une question revient souvent chez ceux qui envisagent de s'y installer : et la sécurité, dans tout ça ? On fait le point sur la sécurité à l'île Maurice, chiffres à l'appui, et à travers les récits de ceux qui ont vécu ailleurs.
Les forums d'expatriés, les groupes Facebook ou les conversations regorgent de récits rassurants… mais aussi de quelques alertes. Un sac volé à la plage, un cambriolage dans un quartier isolé, un scooter disparu dans la nuit. Difficile alors de savoir si ces incidents sont l'exception ou la norme.
La vérité se situe quelque part entre les deux — mais elle devient beaucoup plus claire quand on compare la réalité mauricienne avec celle d'autres pays. Car c'est là que l'on mesure toute la différence.Â
Les témoignages que nous avons recueillis le confirment : ce n'est pas seulement une question de statistiques, mais de ressenti. Ici, on peut marcher dans la rue sans regarder derrière soi. Ici, on dort d'un vrai sommeil. Ici, on vit — sans se méfier en permanence.
Sécurité : l'île Maurice face au reste du monde
Quand on parle de sécurité à l'échelle internationale, les chiffres parlent parfois plus fort que les impressions. Et à ce jeu-là , l'île Maurice s'en sort particulièrement bien. Avec un taux d'homicides intentionnels de 2,2 pour 100 000 habitants (données 2022), le pays se classe parmi les destinations les plus sûres du monde, loin derrière les géants du crime que sont la Jamaïque (53,34), l'Afrique du Sud (45), Haïti (40,9) ou encore le Honduras (38). Même des pays très prisés comme le Brésil (21,26) ou le Mexique (24,9) affichent des niveaux de violence bien plus élevés. Ce contraste est encore plus frappant lorsque l'on considère que certains de ces pays attirent eux aussi les expatriés… mais dans des conditions de vigilance constante.Â
En comparaison, les États-Unis affichaient un taux de 6,3 homicides pour 100 000 habitants en 2022, soit presque trois fois plus élevé. Ce chiffre, déjà préoccupant, cache de fortes disparités : dans certaines grandes villes américaines comme Baltimore, Saint-Louis ou La Nouvelle-Orléans, ce taux peut grimper jusqu'à 50 à 70 homicides pour 100 000 habitants, des niveaux comparables aux pays les plus violents d'Amérique latine.
La France, elle, présente un taux de 1,34 : légèrement plus bas que Maurice, mais dans des contextes urbains souvent plus tendus, notamment dans certaines grandes villes ou zones périurbaines.Â
À Maurice, la criminalité reste donc principalement opportuniste – vols de sacs à la plage, cambriolages dans des maisons non sécurisées – et les actes violents sont rares et généralement localisés dans des contextes familiaux ou liés à des litiges personnels. Le pays ne connaît pas de bandes armées, d'enlèvements ou de violences systématiques comme c'est le cas dans d'autres régions du monde. Cette stabilité, doublée d'un climat social apaisé et d'une cohabitation culturelle harmonieuse, contribue largement à ce sentiment de sécurité que partagent la majorité des résidents et expatriés. Ce qui ressort des témoignages, c'est qu'ici , on peut baisser la garde sans mettre sa vie en danger.Â
Ce qu'en pensent les expatriés à Maurice
Caity, originaire d'Afrique du Sud, raconte : « Je me sens infiniment plus en sécurité à l'île Maurice qu'en Afrique du Sud, et c'est une évidence quand on sait que l'Afrique du Sud a l'un des taux de criminalité les plus élevés au monde, alors que Maurice est l'un des pays les plus sûrs. En Afrique du Sud, on vit littéralement dans une peur constante du crime. On est prisonnier de sa propre maison. Beaucoup de gens choisissent de vivre dans des lotissements ultra-sécurisés gardés 24h/24. Ceux qui vivent en maison individuelle installent des caméras de surveillance, des clôtures électriques, de hauts murs, des barreaux aux fenêtres, et font appel à des sociétés de sécurité armées, prêtes à intervenir d'un simple bouton d'alerte. Quand vous conduisez, vous risquez à tout moment d'être victime d'un smash-and-grab : on casse votre vitre et on arrache vos effets personnels sur le siège ou le sol. Pire encore : les hijackings, où une arme est braquée sur vous pour vous faire sortir du véhicule, qui est ensuite volé. Dans bien des cas, vous avez de la chance si vous vous en sortez vivant. »
Et ces incidents ne sont pas rares, selon ses dires. « Ils se produisent à chaque heure de chaque jour. Chaque Sud-Africain a été victime d'un crime violent, d'une manière ou d'une autre. On vous harcèle dans votre voiture, dans les magasins, chez vous. Impossible d'utiliser son téléphone dans un lieu public sans risquer de se le faire arracher des mains. Maurice, c'est tout le contraire. Les crimes violents sont quasiment inexistants, mis à part quelques affaires isolées par an, généralement liées à des violences domestiques entre personnes qui se connaissent. Je pense que la pauvreté extrême, la corruption du gouvernement et l'accès facile aux armes sont les principaux facteurs de la violence en Afrique du Sud. À Maurice, le taux de chômage est très bas, autour de 6,3 % (et probablement encore moins si l'on considère les pêcheurs et auto-entrepreneurs), contre 31,9 % en Afrique du Sud. Le chômage, combiné à l'absence de soutien de l'État, crée de la pauvreté, qui mène au désespoir, puis à la haine… et finalement à la violence. À Maurice, on peut laisser ses vitres ouvertes à un feu rouge sans craindre de se faire voler son téléphone. On peut marcher avec ses enfants dans les lieux publics sans avoir peur d'être agressé, poignardé, ou tué pour un portefeuille. En Afrique du Sud, on vit dans la peur permanente. On sort rarement après la tombée de la nuit. Même à la plage, il est fréquent de se faire voler son sac à main, posé à ses côtés. Ici, à Maurice, on peut laisser ses tongs sur le sable et marcher pendant des kilomètres en sachant qu'elles seront encore là à notre retour. Si un téléphone ou une bague est perdu, les gens les publient sur Facebook, et très souvent, ils sont rendus à leur propriétaire. »
Caity nous dira que la sécurité est la raison numéro un qui les a poussés, sa famille et elle à s'installer à Maurice. Un médecin généraliste local m'a confié que 80 à 90 % de ses patients sud-africains prenaient des antidépresseurs ou des anxiolytiques à leur arrivée… et qu'ils les réduisent ou les arrêtent complètement après quelques mois à Maurice. Nos enfants peuvent grandir dans des communautés qui mêlent différentes cultures et religions, sans jamais connaître la haine raciale qui empoisonne encore beaucoup de quartiers sud-africains. L'amour, l'acceptation et la bienveillance sont au cœur de la société mauricienne, et c'est pourquoi, même si l'Afrique du Sud reste notre pays d'origine, et même si certaines choses nous manquent, nous n'envisagerions jamais d'y retourner.
Bruno, originaire de Namur Belgique, nous parle également de son expérience : « Je viens de Namur, en Belgique. Certes, ce n'est pas Caracas. Mais pourtant… à Namur, il y a des coins où vous ne mettez plus les pieds après une certaine heure. Les agressions au couteau, les vols de téléphone à la sortie des gares ou dans les ruelles mal éclairées, ça devient presque banal. On apprend à éviter certains quartiers, à marcher vite, la tête basse, et à toujours surveiller derrière soi. Ici, à Maurice, je sors le soir sans même y penser. Je prends mon téléphone dans la rue sans crainte. Et surtout, je n'ai plus cette boule au ventre quand je dois rentrer seul à pied. Ce n'est pas qu'on vit dans un conte de fées, mais on respire. Il y a un respect, une forme de calme ambiant que j'avais oublié. Pour moi, c'est ça, la vraie richesse de cette île. »
L'expérience de Marianne, originaire de Saint-Denis, en France, est assez similaire. « J'ai vécu plus de 30 ans en banlieue parisienne. Et ces dernières années, j'avais l'impression que la violence faisait partie du quotidien. Des voitures brûlées en bas de chez moi, des bagarres entre jeunes, des agressions dans les transports… Il y avait toujours une tension dans l'air. À certaines heures et dans certains quartiers, sortir seule devenait impensable. On regarde derrière soi, on évite de croiser les regards, on serre son sac contre soi dans le métro. À Maurice, c'est une autre vie. Je prends les transports sans stress, je vis sans avoir à me méfier en permanence. C'est inestimable ! »
Après avoir passé 6 ans à Antananarivo, Madagascar, Nuria, originaire d'Espagne, a enfin retrouvé sa tranquilité d'esprit. « Je me souviens d'une nuit où les chiens aboyaient sans s'arrêter. Mon mari était en déplacement, et j'ai passé la nuit debout, une machette dans une main, le téléphone dans l'autre. Ce genre de scène, c'était notre réalité à Antananarivo. Les coupures d'électricité rendaient les cambriolages plus faciles. Les voleurs attendaient que tout soit plongé dans le noir pour escalader les murs. On vivait avec des grilles aux fenêtres, des cadenas sur les portes intérieures, et la peur au ventre. Ici mes enfants vont à l'école à pied. Je n'aurais jamais osé ça avant. Je vais au marché sans enlever mes bagues. Je me promène avec un sac à main sans craindre d'être suivie. Ici je vis. Je ne survis pas. »
Julien, originaire de France, a vécu pour sa part 11 ans aux Antilles. Il nous partage son ressenti depuis qu'il s'est installé à Maurice, même si ça n'a pas toujours été facile : « J'ai vécu sur l'île de Marie-Galante en Guadeloupe. Au début, c'était paisible. Mais rien que la dernière année, on a été cambriolé quatre fois. Toujours en notre présence. Les voleurs passaient dans toutes les maisons du quartier, quasiment chaque semaine à certaines périodes. Sur les images des caméras de surveillance, on voyait des jeunes cagoulés, armés de machettes. La nuit, on dormait d'une oreille. Et le jour, on vivait sur le qui-vive. On guettait le moindre bruit, le moindre mouvement suspect. À la fin, j'avais intégré que ça faisait partie du décor. Mais intérieurement, ça use. Ma femme ne dormait plus la nuit. À Maurice, on a cru revivre le même cauchemar 3 mois après notre arrivée, en 2023. Alors qu'on regardait tranquillement un film avec ma femme, un homme est entré dans le salon, juste derrière nous. Ma femme a entendu un petit bruit, s'est retournée, et l'a vu à quatre-pattes, en train de fouiller dans son sac à main. J'ai sauté du canapé pour le pourchasser et il a détalé à toute allure, en lâchant ce qu'il avait dans les mains. Sur le coup, on a eu très peur. Mais avec le recul, cela n'a rien à voir avec la violence et le climat d'insécurité qu'on a connu aux Antilles. À Maurice, il peut y avoir des vols, c'est vrai, mais rarement accompagnés de violence. Ce sont des actes isolés, opportunistes, pas une menace permanente. »
Maurice : un havre de paix pour les expats
Sur le plan de la sécurité, l'île Maurice offre donc un environnement globalement serein. Oui, comme partout, il faut rester vigilant face à certains petits délits ou comportements opportunistes. Mais on vit ici en toute tranquillité. Les expatriés installés depuis longtemps le confirment : on se sent vite chez soi à Maurice. Pour élever une famille, télétravailler en tongs sur la plage ou dans un café ou vivre sa retraite au soleil. Et puis, la sécurité, c'est aussi se sentir à sa place, en confiance avec son environnement. Et ça, à Maurice, c'est tout à fait possible !