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Double nationalité des enfants : un atout à double tranchant

famille au parc
AnnaStills / Envato Elements
Écrit parHelena Delbecqle 01 Septembre 2025

Lorsqu'on vit à l'étranger et qu'on devient parent, une question revient souvent : quelle nationalité aura son enfant ? Dans certains cas, il pourra bénéficier d'une double nationalité (voire multiple), ce qui est souvent considéré comme un atout pour le futur du jeune expatrié, déjà citoyen du monde. Mais une double citoyenneté s'accompagne aussi d'obligations légales, parfois inattendues, pour votre enfant et pour vous, parents. Voici un tour d'horizon des droits, des devoirs et surtout des précautions à prendre.

Comment un enfant peut-il obtenir la double nationalité à l'étranger ?

Tout dépend du pays où naît votre enfant ! Voici les plus fréquents :

Par filiation (droit du sang)

C'est la situation la plus courante. Un enfant né à l'étranger peut acquérir la ou les nationalités de ses parents si la loi de chaque pays reconnaît le mode de transmission par filiation.

Prenons le cas d'une ¹ó°ù²¹²Ôç²¹¾±²õe et d'un Australien vivant à Dubaï et ayant un enfant. Celui-ci pourra en toute vraisemblance acquérir la nationalité française et australienne.

Par lieu de naissance (droit du sol)

Certains pays accordent la nationalité à tout enfant né sur leur sol, peu importe celle des parents. C'est le cas bien connu du ou des notamment.

D'autres pays pratiquent le droit du sol mais assorti de conditions supplémentaires. En , par exemple, un enfant né sur le territoire de parents étrangers peut obtenir la nationalité allemande si l'un des deux parents y vit depuis au moins 5 ans et y possède un permis de résidence permanent.

Autre cas de figure : en , on parle de « double droit du sol ». La nationalité française est attribuée à tout enfant né sur le territoire et dont au moins un des deux parents y est également né (sans forcément avoir la nationalité).

Par naturalisation

Certains pays offrent la nationalité après un certain nombre d'années de résidence sur le territoire, ou via une procédure de déclaration simplifiée pour les enfants.

Les conditions exactes varient selon les États, mais il faut en général une certaine durée de séjour dans le pays hôte et quelques preuves de bonne intégration, comme un niveau intermédiaire de maîtrise de la langue locale.

Quels sont les droits et les atouts des enfants binationaux ?

Avoir deux nationalités ouvre des portes et semble plutôt valorisé par les expatriés. En témoignent plusieurs au sujet de familles cherchant à donner naissance aux ɳٲ¹³Ù²õ-±«²Ô¾±²õ ou au Canada afin de procurer à leur enfant la double nationalité.

Avoir un passeport de chaque pays : plus de liberté de circulation

Avoir deux passeports en tant que binational représente un véritable atout, tant sur le plan pratique que stratégique. Cela permet de circuler plus facilement entre les deux pays de nationalité sans avoir besoin de visa, mais aussi d'accéder à davantage de pays sans formalités supplémentaires, en fonction des accords bilatéraux de chaque passeport.

Un passeport européen ouvre, par exemple, la porte à la libre circulation dans l'espace Schengen, tandis qu'un passeport canadien donne accès sans visa à de nombreux pays d'Asie et des Amériques.

Résider, étudier ou travailler sans contraintes dans les deux pays

Finies les procédures de visa ! Et de manière générale, vos démarches administratives (pour ouvrir des droits sociaux, par exemple) s'en trouvent facilitées quand on a la nationalité du pays en question.

De même, l'accès à certaines écoles ou à certains postes sera plus aisé. Plusieurs établissements scolaires - forts d'un certain succès - imposent en effet un quota plus ou moins restrictif pour l'admission d'étudiants étrangers. En ayant la nationalité du pays, vous échappez à ces quotas.

Autre avantage d'ordre financier : quand on entreprend des é³Ù³Ü»å±ð²õ dans des systèmes éducatifs onéreux, on peut faire des économies substantielles quand on a la nationalité du pays cible. Au Royaume-Uni, par exemple, ne sont pas les mêmes pour les étudiants nationaux et internationaux. Dans le premier cas, il faut compter en moyenne autour de 9 535 livres sterling par an tandis que les étudiants de la seconde catégorie doivent s'attendre à une fourchette comprise entre 14 000 et 70 000 livres.

Avoir une solution de repli en cas de crise politique, économique ou sanitaire

Tous les scénarios sont à prendre en compte ! Les personnes binationales disposent d'un avantage non négligeable en période de crise : elles bénéficient d'une solution de repli dans l'un ou l'autre de leurs pays de nationalité. En cas de bouleversement politique, économique ou sanitaire, elles peuvent légalement se tourner vers leur autre pays pour y trouver refuge, accéder à des soins, poursuivre leur vie professionnelle ou familiale, ou simplement bénéficier d'un environnement plus stable. C'est une source de flexibilité non négligeable !

Accéder à l'achat d'un bien immobilier

Sur un plan très pratique et matériel, les binationaux ont plus de facilité à acquérir un bien immobilier dans l'un ou l'autre pays de leur nationalité.

On sait, par exemple, qu'en Thaïlande, les étrangers ne peuvent acheter que sous certaines conditions : dans le cadre d'un quota et seulement si leur logement possède la licence « condominium ».

En  également, les ressortissants autres que ceux de l'Union européenne doivent obtenir une autorisation s'ils veulent acquérir un logement dans le pays. Autant de restrictions qui ne s'appliquent pas à vous si vous avez la nationalité du pays.

Quels sont les devoirs des enfants binationaux ?

Les enfants binationaux sont citoyens à part entière dans chacun de leurs pays, avec toutes les obligations que cela implique, même s'ils n'y vivent pas. Certaines obligations fiscales ou militaires en particulier peuvent soudainement se rappeler à eux, même quand l'enfant est encore mineur pour ce qui concerne les obligations fiscales.

Le service et autres obligations militaires

Le service militaire n'est plus obligatoire dans de nombreux pays, mais ce n'est pas la règle générale ! Des États comme  l'imposent à leurs citoyens atteignant l'âge de 18 ans. Le gouvernement précise qu'avoir la double nationalité ne vous exempte pas de vos obligations, même si des adaptations sont à prendre en compte pour ceux qui résident à l'étranger.

Certains cas de figure sont particulièrement complexes et peuvent entrer en conflit. Supposons que vous soyez israélo-américain et que vous soyez soumis au service militaire en ±õ²õ°ù²¹Ã«±ô. Des complications peuvent survenir du fait que les n'autorisent pas, en principe, leurs ressortissants à être impliqués militairement dans un autre pays.

La double fiscalité

Elle vous suit comme votre ombre ! Quelques pays imposent en effet l'obligation de déclarer ses revenus du moment où vous êtes citoyen de ce pays, et même pour un enfant mineur.

Là encore, l'exemple des est bien connu. Tant que votre enfant aura la nationalité américaine, vous devrez effectuer une déclaration fiscale auprès de l'administration des impôts et ce, même si vous et votre enfant n'y vivez plus et que vous n'y avez aucun intérêt économique.

Un enfant américain vivant en France, par exemple, peut être imposé si ses revenus totalisent plus de 12 950 USD par an (actions ou autres).

À quoi faut-il faire attention quand son enfant a la double nationalité ?

Déclaration explicite de nationalité

Vous tenez à ce que votre enfant ait la double nationalité ? Attention à ne pas rater certaines démarches.

Selon la loi germanique par exemple, un enfant né à l'étranger de parents ne pourra lui-même obtenir cette nationalité que si vous effectuez une déclaration explicite auprès de la représentation consulaire allemande, dans le pays étranger où l'enfant est né. Cette déclaration devra être faite avant le premier anniversaire de l'enfant.

Usage des passeports ; sortie et entrée sur le territoire

Imaginons que votre enfant soit hispano-américain. Vous vivez désormais en Espagne mais effectuez des séjours réguliers aux ɳٲ¹³Ù²õ-±«²Ô¾±²õ. Manque de chance : le passeport américain de votre enfant a expiré. Votre enfant ne pourra vraisemblablement pas entrer dans le pays car stipulent que toute personne ayant la double nationalité doit utiliser uniquement le passeport américain pour entrer et sortir du territoire.

Les contrôles à l'immigration peuvent être par ailleurs plus stricts quand plusieurs nationalités sont en jeu. Pensez à disposer d'une autorisation de sortie du territoire signée par l'autre parent, surtout dans le cas des couples binationaux séparés.

Difficultés spécifiques quand un parent n'a pas la même nationalité que son enfant

Lorsqu'on vit à l'étranger avec un enfant dont on ne partage pas la nationalité, plusieurs démarches du quotidien peuvent devenir plus complexes, notamment dans les domaines éducatifs, de santé ou administratifs.

Dans certains pays d'ailleurs, seul le parent ayant la même nationalité que l'enfant est vraiment considéré comme le tuteur légal.

En cas de divorce ou de séparation, une nationalité différente peut aussi compliquer la donne : selon quelle loi nationale sera appliqué le jugement de divorce et de garde des enfants ?

Devoir renoncer à l'une de ses nationalités

Enfin, gardez à l'esprit que votre enfant peut être amené à renoncer à l'une de ses nationalités lorsqu'il sera adulte. En effet, plusieurs pays tolèrent la double nationalité chez les enfants mais imposent en réalité un choix à la majorité. C'est le cas, par exemple, du . Au pays du Soleil levant, il convient de choisir sa nationalité avant l'âge de vingt-deux ans. À défaut de choix explicite, les enfants binationaux risquent tout simplement de perdre leur nationalité japonaise.

Devoir effectuer un tel choix est parfois psychologiquement difficile pour un enfant. Sans compter le risque de se retrouver temporairement dans une zone grise juridique si l'on ne réalise pas ce choix dans les délais impartis.

Sources :

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A propos de

Helena a vécu au Japon, en Chine et en Allemagne où elle est actuellement basée. Ces différentes expériences lui ont permis d’enrichir sa compréhension des problématiques variées de l’expatriation. Titulaire de l'Education nationale et d'un Master II en Politiques linguistiques, elle concilie enseignement et rédaction professionnelle, autour de thématiques telles que l’éducation et le travail à l’international. Elle gère également les partenariats et les programmes d'un organisme de formation professionnelle.

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