
Le taux de rejet des visas étudiants est généralement faible en comparaison aux visas de travail, de talent et d'investisseur. Cependant, vous courez toujours le risque d'être rejeté si vous ne présentez pas tous les documents requis, si vous avez des antécédents financiers suspects, si vos compétences linguistiques sont insuffisantes, si l'objet de votre entrée dans le pays n'est pas clair ou si vous ne répondez pas aux exigences en matière de vaccination. Voici les erreurs à ne pas commettre pour éviter que votre demande de visa d'étudiant soit rejetée.Â
L'absence de tous les documents requis ou la soumission de documents comportant des erreursÂ
Malheureusement, les demandes de visa impliquent bien souvent une bureaucratie lourde. C'est pourquoi certains étudiants préfèrent avoir recours à un agent pour les aider à rassembler tous les documents nécessaires à joindre à leur formulaire de demande, à remplir correctement ce formulaire et à payer tous les frais relatifs au visa.
En général, le personnel de l'ambassade ou du centre de services de demande de visa vérifiera rapidement si vous avez joint tous les documents requis. Toutefois, il n'aura pas forcément le temps de vérifier chaque détail; c'est donc à vous ou à votre agent de le faire au préalable. Voici quelques exemples d'erreurs liées aux documents qui peuvent entraîner le rejet de votre visa :
- Les informations figurant sur le formulaire de demande ne correspondent pas à celles de votre passeport et des documents de parrainage. Votre nom doit apparaître dans le même ordre que sur votre passeport, et vous ne devez pas omettre votre deuxième prénom s'il y figure. Vous devez écrire correctement les informations relatives à votre université (nom, adresse, type d'établissement, numéro de sponsor, etc.). Les fautes de frappe et les fautes d'orthographe « bêtes » peuvent entraîner le rejet de votre demande ou la délivrance d'un visa avec des informations incorrectes, ce qui risque de vous causer plus tard des ennuis avec les services de l'immigration.Â
- Vous n'avez pas vérifié la liste des documents spécifiquement requis pour les demandeurs de votre pays d'origine. S'il existe des documents clés que tous les étudiants étrangers doivent présenter (par exemple, le passeport, la lettre d'admission), les étudiants de certains pays doivent soumettre des justificatifs supplémentaires. Cela dépend des relations diplomatiques entre votre pays d'origine et le pays que vous avez choisi comme destination d'études. Si vous vérifiez par erreur la liste de contrôle pour les étudiants d'un autre pays que le vôtre, vous risquez d'omettre des documents importants pour les étudiants de votre nationalité, tels qu'une preuve de fonds ou les résultats d'un test linguistique standardisé.Â
- Vous n'avez pas fait attester les relevés bancaires joints. À moins de bénéficier d'une dérogation, les étudiants étrangers sont généralement tenus de présenter leurs relevés bancaires aux services de l'immigration afin de prouver qu'ils disposent de suffisamment d'argent pour vivre pendant au moins un an dans le pays où ils vont étudier. Ces relevés doivent être tamponnés et signés par leur banque pour confirmer leur authenticité. Le simple fait de télécharger vos relevés depuis votre compte bancaire ne suffira pas.Â
- Les relevés de notes et les certificats de fin d'études secondaires ou de diplôme joints à votre demande de visa ne sont pas définitifs et officiels. Les relevés de notes officiels sont généralement signés et tamponnés par l'université, et il ne doit pas y avoir de notes en attente.Â
L'absence de fonds suffisants à temps ou la présence de fonds provenant d'une source suspecte
L'argent que vous utiliserez pour financer vos études et votre séjour à l'étranger doit répondre à certaines conditions. Ces conditions sont généralement les suivantes : Â
- Les fonds doivent se trouver sur votre compte bancaire, sur le compte de vos parents ou auprès d'un établissement agréé qui vous accorde une bourse. Ils ne peuvent pas se trouver sur le compte d'un autre parent, comme un oncle, ou sur le compte d'un ami ; cela risque d'entraîner le refus de votre visa. L'institution agréée qui vous accorde une bourse peut être un gouvernement, une université ou une fondation reconnue (par exemple, la Mastercard Foundation). Votre demande de visa pourrait être rejetée si cette institution n'est pas bien reconnue.Â
- Vous devez disposer de ces fonds depuis au moins quelques mois. Il paraîtra suspect que les fonds aient été déposés sur votre compte trop près de la date de votre demande.Â
- La source de vos fonds doit être claire. Vos relevés bancaires doivent prouver l'existence de revenus réguliers provenant d'un salaire, du paiement de services en free-lance, de dividendes et/ou de loyers entrant sur votre compte ou celui de vos parents pendant des années. Si vous avez reçu un héritage important ou de l'argent provenant de la vente d'un bien immobilier, cela doit également apparaître clairement sur vos relevés bancaires. L'absence d'une source claire d'économies substantielles vous fera soupçonner de les avoir obtenues illégalement ou sans éthique, ce qui entraînera le rejet de votre visa.Â
- Vous devez vérifier soigneusement le montant que le gouvernement du pays d'accueil et votre université exigent que vous ayez comme fonds. Leur minimum peut être plus élevé que ce que vous dépenserez réellement sur place. Par exemple, même si vous avez réussi à trouver un logement qui ne coûte que 400 dollars par mois, l'université ou le gouvernement peut exiger des fonds prouvant que vous pouvez payer un loyer de 600 dollars si c'est plus que la moyenne dans ce pays. Â
Ne pas satisfaire aux exigences en matière de langue ou de communicationÂ
Pour obtenir un visa d'étudiant, vous devez démontrer que vous avez une connaissance intermédiaire ou avancée de la langue officielle du pays, qui est aussi généralement la langue d'enseignement que vous utiliserez à l'université.
De manière générale, vous serez tenu de présenter les résultats d'un test de langue standardisé tel que l'IELTS et le TOEFL pour les pays anglophones ou le DALF et le TCF pour les pays francophones.
En fonction de la flexibilité de votre université et des relations diplomatiques du pays d'accueil avec le vôtre, vous pouvez remplacer les résultats du test par les notes obtenues au lycée dans la langue en question. Par exemple, certaines universités britanniques autorisent les étudiants étrangers originaires de pays non-anglophones à ne présenter que leurs notes de lycée. Lorsque ces étudiants reçoivent leur Attestation d'acceptation, Certificat d'acceptation ou Lettre d'acceptation (« Confirmation of Acceptance for Studies »), à soumettre aux autorités chargées de l'immigration, il y est indiqué que l'université a déjà jugé leur niveau d'anglais suffisant. Toutefois, si vous ne pouvez pas bénéficier d'une telle dispense, vous devez impérativement joindre les résultats officiels de l'IELTS/TOEFL, faute de quoi votre demande de visa sera rejetée.
Ces tests standardisés ont une validité de deux ans. Si vous joignez des résultats datant de plus de deux ans, le visa vous sera refusé. Si le score obtenu est inférieur au niveau intermédiaire supérieur B2 requis pour les études universitaires, ce qui équivaut à 6-6,5 à l'IELTS et à environ 70 au TOEFL, votre demande de visa risque d'être rejetée. Si vous avez obtenu une note inférieure, vous devez repasser le test.Â
S'il y a un entretien à passer pour l'obtention d'un visa, vos compétences linguistiques seront également évaluées lors de cet entretien. Les États-Unis font passer un bref entretien aux demandeurs de visa F-1 dans leur ambassade locale. Les candidats risquent de se voir refuser un visa s'ils ont du mal à répondre aux questions de l'entretien en anglais, même s'ils ont obtenu un score satisfaisant au TOEFL/IELTS. Si vous êtes nerveux à l'idée de parler en anglais pendant l'entretien, entraînez-vous avec vos amis ou votre famille avant l'entretien. Ne partez pas sans être préparé.
Le manque d'explication claire sur ce que vous avez l'intention de faire avec votre visa étudiantÂ
Le « détournement de l'objet du visa » est une formulation administrative couramment employée pour refuser les demandes de visa étudiant jugées peu claires. Ici, les services de l'immigration suspectent que vous utilisiez le visa uniquement pour entrer sur le territoire, mais sans réellement vous engager dans un programme d'étude. Le ministère de l'Intérieur britannique a notamment utilisé cet argument pour proposer un durcissement du système de visa étudiant. Selon ses chiffres, 40 % des 40 000 demandes d'asiles recueillies en 2024 émanaient d'étrangers arrivés sur le territoire avec un visa étudiant. Une réforme est attendue en mai. Le ministère l'Intérieur devra néanmoins composer avec ses homologues de l'Éducation, opposés à de nouvelles restrictions.
Les services de l'immigration peuvent émettre ces soupçons lors de l'examen de votre dossier ou durant l'éventuel entretien pour l'obtention d'un visa. Lors de l'entretien, par exemple, on vous posera des questions générales sur l'université que vous souhaitez fréquenter, votre domaine d'études, vos plans de carrière et vos projets de retour dans votre pays d'origine. Â
Si vos réponses sont vagues et contradictoires, on peut vous soupçonner d'utiliser un visa d'étudiant pour entrer dans le pays à des fins non divulguées (par exemple, travail clandestin, retrouvailles avec votre petit(e) ami(e) à distance). Si l'on soupçonne que vous n'êtes pas un véritable étudiant, votre demande de visa risque d'être rejetée. C'est une autre raison pour laquelle il est important de bien préparer votre entretien.Â
Pour les pays qui n'organisent pas d'entretien pour les demandes de visa étudiant, l'authenticité de votre intention d'étudier sera évaluée sur la base de l'ensemble de votre dossier (relevés de notes, antécédents professionnels, etc.).Â
Non-respect des exigences en matière d'immunisationÂ
Cette exigence peut être spécifique à chaque pays. Si votre pays d'origine ou un autre pays dans lequel vous avez vécu compte de nombreux cas d'une certaine maladie contagieuse, vous devrez vous faire vacciner avant de demander votre visa. Pensez à consulter le site Web de l'immigration du pays dans lequel vous allez étudier pour savoir s'il existe des exigences en matière de vaccination. Dans l'absence d'une vaccination appropriée, il est fort probable que le visa étudiant vous soit refusé.Â
Les États-Unis, par exemple, imposent une obligation vaccinale générale à tous les étudiants étrangers, quel que soit leur pays d'origine. Il s'agit de vaccins courants pratiqués dans le monde entier, souvent pendant l'enfance, notamment contre la rougeole, la varicelle, la rubéole et les oreillons. Plus largement, le visas étudiant peut également vous être refusé si vous êtes porteur d'une maladie constituant une menace pour la santé publique (risque accru de contamination, de pandémie…).
Cas des États-Unis : de nouvelles causes de rejet de visa étudiantÂ
Début avril, les services américains de l'immigration ont annoncé que les candidats à l'expatriation dont les réseaux sociaux contiennent des informations à caractère antisémite verraient leur demande de visa refusée. Sont notamment concernés les visas étudiants, mais aussi les permis de séjour temporaires et permanents. Mais la sanction tombe aussi pour les personnes résidant déjà aux États-Unis, à titre temporaire ou permanent (Carte verte).
L'annonce intervient après l'annulation, ces derniers mois, de plusieurs centaines de permis d'études. Le secrétaire d'État Marco Rubio justifie la fermeté de la mesure (l'annulation du permis entraînant désormais l'expulsion des personnes concernées, même s'ils sont résidents permanents). En cause : les nombreuses manifestations de 2024 contre la guerre à Gaza. L'administration Trump vise particulièrement les étudiants étrangers ayant pris part aux mobilisations. Car, d'après elle, des mouvements terroristes (ou groupes propageant des idées terroristes et/ou antisémites) étaient infiltrés au sein des manifestants.
Mais selon les universités, la majorité des suppressions de visa ne concerne pas les étudiants ayant joué un rôle dans les manifestations pro palestiniens. Elles soupçonnent l'administration Trump d'utiliser ce motif pour cibler, en réalité, tous les étudiants étrangers. Depuis mars, plus de 1 000 visas étudiants ont été supprimés. Nombre d'étrangers affirment avoir été sanctionnés « sans motif valable ». D'après les universités, la nouvelle administration utiliserait des manquements mineurs (ancienne infraction déjà sanctionnée, contravention mineure…) pour résilier le statut des étudiants étrangers. D'autres étudiants déclarent ne pas connaître le motif de leur annulation de visa. La justice s'est saisie de l'affaire. Les universités s'inquiètent du virage politique entrepris, et invitent leurs étudiants étrangers à la plus grande prudence.